Économie Solidaire

Terre vue du ciel écologique par Alex Maclean

Je suis tombé récemment sur ces photos de Alex Maclean, un américain qui a survolé son pays et photographié les incohérences écologiques causées par l’Homme sur son environnement. Cela donne des photos vraiment magnifiques, qui laissent parfois à réfléchir longuement sur le sort de notre planète et ce qu’il en est fait.

J’adore ce genre de photos-portrait, ça me fait penser aux photos de Peter Menzel de Hungry Planet que j’avais publié il y a un peu plus d’un an. Bref, on peut vraiment dire là qu’une image vaut 1000 mots. Cette fois, on peut dire que Maclean le fait avec propreté.

Voici quelques photos de son livre (que je vous encourage à acheter) ainsi que ses commentaires.

www.alexmaclean.com

Portland, Oregon – « Fabriquées au Japon, ces milliers de voitures sont entreposées sur ce parking avant d’être acheminées dans tout le pays. C’est l’échelle qui m’intéresse ici : celle du monde moderne et de la production globale. En finira-t-on avec cette culture de la voiture ? Peut-être que le prix de l’essence va nous faire réfléchir. Mais je crois surtout qu’il faudra un jour renoncer à cette habitude de vivre loin du boulot, loin des commerces et des centres-ville. Peut-être faudra-t-il abandonner nos maisons et nous rapprocher les uns des autres… »

Santa Rosa, Floride – « Ces tours sont construites sur une barrière de récifs près de la côte de Floride (que l’on distingue en haut à droite) : un endroit vulnérable, exposé aux tempêtes et à l’érosion. Incroyable qu’on ait songé à construire ici ! Regardez les dunes artificielles entre les buildings et la mer. Comme si ce sable pouvait protéger les constructions pendant un ouragan… Chacun sait qu’avec la montée des eaux, dans cinquante ans, ces tours auront disparu. »

Galveston Bay, Texas – « Les gens feraient n’importe quoi pour être au bord de l’eau. Ces énormes villas ont été installées sur d’anciens marécages, brisant l’écosystème de la région. Les promoteurs n’auraient jamais dû obtenir un permis de construire ici. Et je ne parle même pas de la consommation d’énergie l’été, notamment de l’air conditionné. Quand je pense qu’il s’agit sans doute de résidences secondaires, utilisées quatre ou cinq semaines par an… [nota : la région vient d’être durement touchée par l’ouragan] »

San Luis, Arizona – « J’ai pris cette photo au-dessus de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. C’est le contraste entre les deux côtés qui m’intéressait : le Mexique est au sommet de la photo, très dense, avec son empilement de maisons et ses rues en quadrillage. Les Etats-Unis sont au premier plan : un parking de caravanes géantes, dispersées sur un terrain hostile, avec ces routes inutilement larges pour l’usage qu’on en fait. Bizarre, ce télescopage, non ? »

Maurepas, Louisiane – « Dans le temps, il y avait un marais rempli de vieux cyprès à cet endroit. Il a été complètement ratiboisé. Les arbres ont été tirés par câble vers le centre de la forêt. On distingue encore leurs traces, qui rayonnent vers le canal, où ils étaient ensuite embarqués sur des bateaux. Aujourd’hui, il ne reste rien du paysage original. Rien, non plus, qui indique que l’on ait songé à replanter. On aurait pu exploiter cette forêt dans l’esprit du développement durable – on a préféré tout couper, et tirer un trait. »

Congress, Arizona – « Je faisais un vol entre Phoenix et Las Vegas et je suis passé au-dessus de ce lotissement. Je me suis demandé : “Qu’est-ce que ces gens fichent dans ce carré planté au milieu de nulle part, en plein désert ?” Il s’agit probablement de retraités qui, dans ce no man’s land, peuvent devenir propriétaires à bon marché. Mais leur éloignement de tout soulève bien des problèmes. Aucun train, aucun bus ne se rend dans ces contrées, et les habitants de cette “colonie” doivent prendre leur voiture pour le moindre déplacement. La première bourgade se trouve à 8 kilomètres ; Phoenix, elle, est à plus de 100 kilomètres… »

Boulder City, Nevada – « Ils sont si absurdes, ces terrains de golf verdoyants en plein désert ! Cette photo en dit long sur l’usage que nous faisons de ressources que l’on sait limitées : combien d’eau est nécessaire pour que ces gens s’amusent dans leurs collines ? Les golfs comptent pour 5 % de la consommation d’eau de Las Vegas. Ce luxe extravagant pose aussi la question de la disparité des revenus. La partie de golf est un caprice de nantis, une absurdité qu’on impose à la nature. »

Signal, Arizona Entre Phoenix et Bullhead City – « une route isolée qui se glisse entre des excroissances montagneuses dans une zone semi-désertique. Sur la gauche de l’image, on voit les premiers tracés des promoteurs, avec quelques premières implantations, qui annoncent la création prochaine d’une zone urbanisée »

Casa grande, Arizona – « Le Palm Creek Golf & RV Resort est une petite oasis verte avec ses palmiers et un petit canal artificiel entre Phoenix et Tucson. C’est une implantation en bordure d’une petite ville de l’Arizona, pour une population de classe moyenne avec des mobile-homes sédentarisés. Ce genre d’implantation peu paraître peu coûteuse mais se révèle dispendieuse à plus long terme si l’on veut maintenir le parcours de golf en bon état. »

Phoenix, Arizona – « Cet échangeur près de Phoenix est typique des échangeurs autoroutiers en bordure des grandes cités, l à où le terrain est plus rare. Contrairement aux échangeurs en feuilles de trèfle, qui nécessitent une grande surface de terrain, cet échangeur utilise une technique complexe d’empilement du réseau routier. »

Signal, Arizona – « Une société foncière a tracé, près de Signal, en Arizona, un petit réseau routier pour vendre à des fins spéculatives des lots de 10 hectares. Les particuliers déjà installés sur le terrain doivent soit apporter leur eau, soit creuser des puits très profonds dans le désert. Ils se munissent de générateurs pour l’électricité. Le rêve américain d’être propriétaire d’un terrain est encore vivace, même au prix d’une implantation lointaine, pourvu qu’elle soit peu coûteuse. »

Eloy Arizona – « C’est une terre agricole très fertile entre Phoenix et Tucson, en Arizona, où l’on cultive en majorité du coton, de la luzerne et du mil. Les cultures en rectangle sont alimentées par des canaux, celles en cercle par des irrigateurs rotatifs qui vont chercher l’eau très profond dans le sol, ce qui nécessite une énergie considérable. Cette dépense d’énergie est supportable du fait des prix élevés sur le marché… »

Sebring, Floride – « Ce loueur de bateaux sur la lac Jackon, en Floride, à dû cesser son activité du fait de la baisse du niveau des eaux du lac. Ses pontons s’inscrivent désormais sur une parcelle complètement asséchée. Le loueur a tenté désespérément d’atteindre les eaux les plus proches en creusant un canal artificiel, mais il a dû renoncer faute de moyens techniques.

Memphis, Tennessee – Pour accélérer la vitesse du courant sur le Mississippi, près de Memphis, on a construit des murs de pierre qui agissent comme des digues de chaque côté de la rivière. Mais les murs accumulent des sédiments usés venus des fermes environnantes et peu propices au maintien des espèces dans le fleuve. »

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