Économie Solidaire

Implications de l’extraction des combustibles fossiles

On désigne par combustibles fossiles les énergies riches en carbone, issues de la décomposition anaérobie des êtres vivants, un processus de fossilisation très lent qui dure des milliers voire des millions d’années pour générer des combustibles comme le pétrole, le gaz naturel et le charbon.

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Photo sous Licence Creative Commons par Chad Teer

Ces énergies, de par leur constitution qui s’étale sur plusieurs millions d’années, ne sont pas renouvelables, et ne sont disponibles qu’à des quantités très limitées alors qu’elles sont sollicitées de plus en plus et font partie de la consommation quotidienne. Elles sont d’ailleurs utilisées pour la production de l’énergie thermique, la sidérurgie, l’électricité, le chauffage domestique et industriel, en tant que carburant pour les véhicules, etc. Bref, on a besoin d’énergie et l’on en consomme massivement, et au rythme actuel des choses, on aura consommé en deux siècles, le capital d’énergie fossile accumulée pendant deux cents millions d’années, donc un million de fois plus vite qu’ils ne sont accumulés. De par leur pénurie et leur concentration dans certaines régions du monde (surtout pour le pétrole), le fait qu’elles sont épuisables et non renouvelables et le prélèvement d’origine humaine qui est supérieur à la régénération naturelle, on assiste souvent à des conflits géopolitiques entre certains pays disputant ces combustibles fossiles (à l’instar de la guerre du Golfe).

Par ailleurs, le fait que ces combustibles fossiles, pétrole, gaz naturel et charbon minéral, entrent pour plus de 80% dans le bilan énergétique mondial, ils influencent systématiquement et déterminent même, de par leurs coûts de production, la configuration du système énergétique. Le caractère non renouvelable de ces sources causera probablement une augmentation des prix jusqu’à ce qu’elles soient non économiquement tolérables. Or, ils nécessitent des investissements d’exploration énormes, plus importants pour les hydrocarbures que pour le charbon, parce qu’il faut recourir à des recherches géologiques et géophysiques (notamment les campagnes sismiques) et des forages de délinéation qui permettent d’évoluer les caractéristiques du gisement. Ajoutez à cela des investissements de production (puits d’extraction et équipements souterrains pour le charbon, forages et réseaux de collecte, les compartiments de séparation et de traitement et les réservoirs de stockage pour le pétrole), des infrastructures de logistique sous forme de chemins de fer pour l’acheminement du charbon, d’oléoducs pour le pétrole, de gazoducs ou de chaîne de liquéfaction et regazéification pour le gaz naturel.

Et ce n’est pas tout, un autre aspect contrariant caractérise les combustibles fossiles. En fait, au départ, les gisements étaient plus faciles d’accès, le pétrole jaillit parfois spontanément et il faut très peu d’énergie pour l’extraire. Idem pour le gaz et même pour le charbon qui se trouve dans de grosses veines à la limite de la surface et pas trop profondément enfouies. Ils étaient alors exploités massivement, puis avec le temps et l’épuisement progressif des réserves, les choses se gâtent et il faut de plus en plus d’énergie pour extraire le combustible fossile résiduel qui est de moins en moins disponible et accessible, et l’on commence même à exploiter des gisements non rentables par le passé. Cela se reflète immédiatement sur les coûts d’extraction qui augmentent en réponse à la raréfaction des ressources combinée à une hausse de la demande, sans omettre que ces gisements sont souvent éloignés des sites de consommation. Outre leur épuisement inéluctable et la difficulté d’accès au gisement, l’exploitation de ces combustibles est à l’origine de problèmes environnementaux relatifs aux dégâts écologiques liés à leur extraction à l’instar des sables bitumineux de l’Athbasca. En fait, l’extraction des combustibles fossiles peut s’avérer très dangereuse. Le charbon par exemple présente des risques de feux souterrains qui sont pratiquement impossibles à éteindre, les poussières de charbon peuvent éventuellement exploser, alors que pour le pétrole, il y a le danger des fuites qui peuvent contaminer les sols ou les eaux (marrées noires), ce qui a causé par le passé de vrais désastres écologiques.

Un autre aspect essentiel, trop souvent délaissé, de l’extraction des combustibles fossiles, est l’autoconsommation. Si l’on consomme un kilo de pétrole pour produire un kilo de pétrole, il n’y a plus aucun intérêt à procéder à l’opération d’extraction, d’autant plus que l’on aura quand même transformé la totalité du carbone contenu en CO2. Ce qui laisse planer une question très importante et de toute urgence : Est ce qu’il est possible de se passer totalement des énergies fossiles? Une question qui devient de plus en plus urgente, sachant que les réserves actuelles en énergies fossiles ne peuvent durer qu’une cinquantaine d’années.

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