Économie Solidaire

Implications environnementales et économiques du charbon

Implications environnementales et économiques du CharbonImplications environnementales et économiques du Charbon

Le charbon, le dilemme entre l’économique et l’écologique.

Une mine de charbon dans le Wyoming aux États-Unis. Les États-Unis ont les plus grandes réserves de charbon au monde.

Depuis le XIXe siècle et avec les premières prémices de l’industrialisation, le charbon a été la première énergie fossile à être exploitée de façon conséquente. L’apparition des mines a fait la richesse de plusieurs nobles qui disposaient de cette ressource énergétique sur leurs terrains, et la création d’emplois n’était qu’une continuation de l’exaltation pour le charbon. Mais, depuis, on a découvert le pétrole qui a supplanté pendant longtemps le charbon, sauf que l’or noir s’épuise de plus en plus vite avec le développement industriel et la croissance démographique, qui nécessitent la consommation massive de cette énergie. Cependant, lors des dernières décennies, on a remarqué un retour vers le charbon. En effet, la consommation du charbon fossile a connu une hausse significative qui représente déjà 24% de l’énergie primaire mondiale et l’on s’attend à ce qu’elle représente 34% de celle-ci d’ici 2050. Mais pourquoi ce regain d’intérêt?

Plusieurs raisons expliquent le retour vers le charbon. Il est de plus en plus désigné comme le parfait substitut du pétrole dont le prix s’envole de jour en jour, conséquence normale qui résulte de la rareté de l’or noir et la baisse de sa production, alors que le charbon est disponible un peu partout dans le monde, ce qui assure une certaine indépendance énergétique. Cette disponibilité limite du coup les importations en matière de pétrole et de gaz, compte tenu de l’instabilité du marché des hydrocarbures, en plus de l’importance des gisements du charbon disponibles, dont le ratio réserve/production est estimé à 150 ans au niveau mondial. Ce ratio reste bien avantageux pour plusieurs pays qui l’ont adopté comme vecteur essentiel dans leur économie, comme la Chine, dont plus de 75% de l’électricité est produite à partir de charbon, et les États Unis avec 50%. En fait, avec la hausse du prix du pétrole, le gouvernement états-unien a mis en place 92 nouvelles centrales électriques à charbon, ce qui représente 60 milliards USD d’investissement pour une production électrique potentielle de 59 000 mégawatts. De son côté, la Chine, avec ses besoins énergétiques très importants, a commencé la construction d’une centaine de centrales et prévoit pour l’avenir le lancement de 70 projets par an. Les deux pays ne font que profiter de leurs importantes réserves en charbon, surtout qu’ils disposent d’un potentiel énergétique largement supérieur à ce que représente l’ensemble des ressources pétrolières du Moyen-Orient. Autrement dit, le charbon résout le problème de la dépendance énergétique.

Si l’avantage économique est indéniable et se reflète immédiatement sur la balance commerciale et la balance des paiements des pays, sans omettre qu’il assure une indépendance irréfutable par rapport au pétrole et au gaz naturel surtout pour la production électrique, le charbon porte encore une tare, héritage de son passé. Il rappelle toujours les images d’ouvriers mineurs, la pauvreté humaine, le noir, la mort et les terrils à tel point que plusieurs pays surtout européens ont annoncé la fermeture de mines et s’engagent à réduire leur consommation de charbon pour lutter contre ses nuisances. Toutefois, ce n’est pas l’unique raison, car la raison ultime de la fermeture des sites en Europe, notamment en France, en Allemagne et en Belgique, est assimilée aux coûts élevés de production qui font que le charbon n’est plus aussi concurrentiel par rapport au prix du marché. En fait, si le prix du charbon se négocie aux alentours de 60 USD/ la tonne, son coût de revient est estimé entre 120 et 140 USD/la tonne. Un autre indice éclaire encore plus cette nouvelle tendance de la fermeture des mines de charbon : il s’agit du prix moyen de l’électricité produite à partir du charbon, estimé en 2010 à 7,15 centimes/kWh. Cependant, en tenant compte des coûts cachés (résultant de l’extraction, du transport, de la combustion et du traitement des déchets), le prix est revu à la hausse pour atteindre les 12,8 centimes/kWh, ce qui fait du charbon l’une des sources d’énergie les plus chères.

Par ailleurs, il est considéré comme la bête noire des écologistes, qui condamnent ses effets nuisibles sur l’environnement, notamment en ce qui concerne le réchauffement climatique. En effet, le charbon demeure le combustible fossile qui rejette le plus de CO2 dans l’atmosphère (30% plus que le pétrole et 80% plus que le gaz naturel), ce qui ne fait que renforcer l’effet de serre responsable du réchauffement climatique. D’autre part, on ne peut négliger la pollution dite locale auprès des centrales électriques et qui résulte des rejets de poussières, de suies, d’oxydes de soufre et d’azote. Le charbon en tant que combustible est très polluant, mais même l’opération d’extraction du minerai contient des risques environnementaux. En effet, dans leur souci de réduire les coûts de production, les sociétés exploitant les mines de charbon ont souvent recours à la méthode du Mountaintop Removal qui consiste à aplanir les reliefs pour mettre à nu les veines de charbon. Cette opération cause des dommages paysagers irréversibles et produit des amoncellements de stériles miniers qui, entreposés dans des barrages de fond de vallées, représentent des sources de pollution (acidification, métaux lourds, etc.).

Ces effets polluants du charbon se répercutent sur l’être humain aussi bien que sur la nature. En fait, les émissions de CO2 engendrent des maladies pulmonaires, des troubles respiratoires, des maladies cardio-vasculaires, des empoisonnements au mercure, entre autres, amenant ainsi les gouvernements à investir encore plus en hôpitaux, en médicaments et services de santé. À ce sujet, une étude publiée en février 2011 dans Annals of the New York Academy of Sciences démontre que l’exploitation du charbon et la pollution qui en résulte entraînent des coûts « cachés » payés par les citoyens états-uniens, qui s’élèvent à 345 milliards de dollars par an. Mais l’humanité ne doit pas seulement affronter des maladies liées directement à la pollution, car elle doit faire face également à un danger latent résultant des émissions de dioxyde de soufre (SO2) et des oxydes de nitrogènes (NOX) qui causent des pluies acides responsables de l’acidification des sols et des eaux, en plus de l’empoisonnement du bétail, en particulier les bovins et les petits ruminants (ovins et caprins) qui développent une zoonose transmissible à l’être humain. Cela incite de plus en plus de pays à se pencher sur les incidents écologiques et sanitaires du charbon et à investir dans la purification des eaux et la compensation du bétail contaminé et des récoltes agricoles faibles par des importations au risque de condamner leurs populations à la famine surtout dans les pays du tiers monde.

Un vrai dilemme se présente à tout un chacun. D’une part, la croissance démographique et le développement surtout industriel appellent les pays à utiliser le charbon pour garantir une certaine indépendance énergétique et subvenir à leurs besoins en matière d’énergie. D’autre part, les risques écologiques qui peuvent causer la perte aussi bien des animaux que des hommes.

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