Économie Solidaire

Économie de l’attention : l’attention, une denrée rare

Ce qu’on appelle économie de l’attention est une façon d’aborder le marketing qui considère l’attention d’une personne comme une denrée rare qu’il s’agit d’acquérir afin d’inciter cette personne à acheter un bien ou accomplir un acte. L’économie de l’attention est particulièrement importante en publicité. En raison du volume considérable de publicités que les gens voient et entendent, les annonceurs se trouvent dans la nécessité de saisir et retenir l’attention de leur public cible.

Présentation d’un nouveau produit Samsung pour captiver l’attention des masses – Creative Commons SamsungTomorrow


L’attention captivée – Creative Commons Quinn Dombrowski

Information et attention

Il s’agit donc d’une approche de la gestion de l’information qui traite l’attention humaine comme une ressource rare, et qui s’inspire de la théorie économique pour la résolution de divers problèmes de gestion de l’information. Pour reprendre la phrase de Matthew Crawford, « L’attention est une ressource, et l’humain n’en dispose qu’en quantité limitée ». Et comme le contenu susceptible d’attirer cette attention s’est développé de manière abondante, ces derniers temps, et qu’il est immédiatement disponible, l’attention devient en quelque sorte le facteur limitant dans la consommation de l’information. C’est ainsi donc que l’économie d’attention applique des idées empruntées à d’autres domaines de la théorie économique pour permettre aux consommateurs et producteurs de contenu, ainsi qu’aux intermédiaires, de mieux négocier et gérer le flux d’informations, en tenant compte de la rareté de l’attention des consommateurs.


Une fuite de la réalité – Creative Commons Pabak Sarkar

De nos jours, un grand nombre d’applications logicielles intègrent, implicitement ou explicitement, l’économie de l’attention dans leur conception de l’interface utilisateur. La raison en est que si l’utilisateur doit passer trop de temps pour trouver quelque chose, il finira par opter pour une autre application. L’intégration de l’économie d’attention dans ce cas se fera, par exemple, par la création de filtres qui permet de s’assurer que le premier contenu exposé à la vue de l’utilisateur soit très pertinent et présente un intérêt réel.

Publicité et attention

Les annonceurs des médias traditionnels suivent un modèle qui veut que les consommateurs passent par un processus linéaire appelé AIDA (Attention, Intérêt, Désir, Action). L’attention est donc très importante et constitue la première étape dans le processus de conversion des non-consommateurs. Étant donné que le coût de diffusion de la publicité est maintenant suffisamment faible pour que le nombre d’annonces transmises à un consommateur dépasse largement ce que celui-ci peut traiter, l’attention du consommateur devient une ressource rare à allouer. Elle sera même la mesure directe de la capacité d’un commercial à gagner l’intérêt du public contre la concurrence.


Hypnotisé par son smartphone en Indonésie – Creative Commons John Ragai

Économie de l’attention et internet

Prenons deux exemples d’application de l’économie de l’attention à l’internet. Parmi les phénomènes qui font aujourd’hui la réalité de l’internet, il y a le spam, qui est considéré par beaucoup comme une pollution de l’information. Cependant, la stratégie des spammeurs, qui consiste à envoyer un très grand nombre de mails à des clients potentiels, ne requiert qu’une seule chose pour réussir : l’attention des destinataires. Même avec un infime pourcentage de mails convertis en ventes, la campagne est toujours rentable, d’autant que l’architecture actuelle des systèmes de courrier électronique ne répercute pas la multiplication d’envois de mails sur le coût. Une des solutions apportées actuellement est de bloquer les courriels indésirables par le biais de filtres, et faire payer l’envoyeur en proportion de ses envois, via ce qu’on appelle des « mails certifiés ».


Marcher sans contact avec la réalité… – Creative Commons Ed Yourdon

Même chose pour le spamdexing, ou référencement abusif, qui concerne les moteurs de recherche. Ces derniers étant devenus le principal moyen pour trouver l’information et y accéder sur le web, un classement élevé dans les résultats pour certaines requêtes est devenu un produit de valeur, en raison de la capacité des moteurs de recherche d’attirer l’attention des internautes. Là aussi, s’est développé tout un marché douteux, chiffrant à près de 5 milliards de dollars par an, basé sur des techniques destinées à tromper les moteurs de recherche. Parallèlement, les compagnies gérant ces moteurs font un effort continu pour parer aux pratiques malhonnêtes et faire en sorte que celui qui veut gagner l’attention des internautes y mette le prix adéquat.

Quitter la version mobile