Économie Solidaire

Un investissement éthique est-il possible ?

Peut-on concilier argent et valeurs morales ? Y a-t-il moyen de mettre son argent au service d’une cause noble ou d’un projet écologique sans pour autant sacrifier à la rentabilité de l’investissement ? Tel est le dilemme que beaucoup tentent de résoudre à notre époque…

En fait, l’option pour des placements qui soient fondés à la fois sur des considérations financières et sur des valeurs personnelles n’est pas une nouveauté dans l’univers de l’investissement. Mais ce qui était autrefois considéré comme une stratégie «marginale» devient une approche de plus en plus pratiquée. Aujourd’hui, on prend davantage conscience que le fait de choisir des opportunités, désignées désormais par l’expression investissement socialement responsable (ISR), constitue une alternative d’investissement vertueux ayant des retombées bénéfiques sur la société et l’environnement.

Ce concept, consistant à investir non seulement pour maximiser le rendement, mais également pour promouvoir le bien social, a relativement mûri au cours des dernières décennies. À une époque, l’IRS visait principalement à exclure certains types d’entreprises, telles que les sociétés du secteur du tabac ou les contrats sur les armes. Mais depuis, l’accent a surtout été mis sur les valeurs d’une entreprise donnée, les perspectives financières jouant un rôle secondaire, mais néanmoins important. Actuellement, on pense de plus en plus que les entreprises axées sur les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance pourraient en définitive être plus rentables.

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Différentes approches de l’ISR

Il existe plusieurs stratégies adoptées par les gestionnaires de fonds, en matière d’investissement socialement responsable. On peut en citer les principales :

  • Le filtrage négatif. Le filtrage négatif consiste pour l’investisseur à éviter de placer son argent dans toute entreprise dont les pratiques, produits ou services ne sont pas compatibles avec le bien social ou qui auraient un impact social ou environnemental négatif. Cela inclut traditionnellement les compagnies de tabac, d’armes à feu, d’alcool, de jeux d’argent, etc. Mais cela s’est progressivement étendu aux entreprises qui s’adonnent à l’expérimentation animale, à l’élevage industriel, à l’extraction d’uranium, à l’exploitation de forêts anciennes et, d’une manière générale, à toute entreprise dont la direction n’a pas réussi à promouvoir l’égalité, la diversité, la responsabilité environnementale ou la responsabilité sociale des employés.
  • Le filtrage positif. Celui-ci, appelé aussi « investissement durable » consiste à rechercher activement les entreprises qui « font du bien ». Autrement dit, sélectionner des compagnies dont les pratiques d’entreprise sont alignées sur les valeurs de l’investisseur, ou qui ont un impact social ou environnemental positif. Par exemple, si un investisseur est particulièrement préoccupé par la protection de l’environnement, il peut choisir d’investir dans une société d’énergie solaire. S’il se soucie du bien-être et de la conscience des citoyens, il peut investir dans les secteurs médicaux ou d’éducation, et ainsi de suite.
  • L’activisme des actionnaires. Cette forme d’ISR consiste à tenter d’influencer de manière positive la gouvernance d’entreprise en engageant par exemple un dialogue au niveau de l’assemblée sur des sujets de préoccupation. Les actionnaires peuvent également utiliser le vote après avoir déposé des résolutions pour aider à apporter des changements dans les pratiques ou les politiques de l’entreprise.
  • L’investissement communautaire. Il s’agit ici d’un investissement direct de capitaux en faveur des membres défavorisés d’une communauté donnée, par le biais de banques ou de prêteurs communautaires locaux. Ces prêteurs offrent un accès au crédit, à des fonds propres et à des capitaux auxquels ces personnes ou ces entreprises n’auraient autrement jamais accès si elles demandaient des prêts par l’intermédiaire de banques commerciales traditionnelles. L’investissement communautaire peut également être réalisé grâce à un financement en capital risque. En investissant directement dans une communauté, un investisseur est susceptible d’avoir un impact plus important sur le bien social.
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    Effet de levier de l’ISR sur l’environnement

    Récemment, les ISR orientés sur les changements climatiques et les thèmes de la déperdition d’énergie commencent à monter au devant de la scène dans le monde de l’investissement. Des sociétés de conseil aux entreprises ont fait leur apparition avec des modèles commerciaux dédiés à l’intégration de considérations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) dans les processus de gestion et d’investissement.

    Beaucoup d’entreprises commencent à se rendre compte, en effet, que les changements climatiques ont non seulement un impact économique et environnemental, mais également un impact social de plus en plus accru. C’est une prise de conscience salutaire de cette idée simple que gagner de l’argent ne devrait pas nécessairement se faire aux dépens de la planète.

    Les sociétés pétrolières, gazières et minières ont été parmi les premières à examiner sérieusement ces questions dans le cadre de leurs stratégies commerciales. De nombreuses autres entreprises liées au secteur sont en train de prendre en marche le train des investissements et de la gestion d’entreprise socialement responsables. Compte tenu de l’évolution du paysage commercial, les investisseurs commencent collectivement à intégrer ces facteurs à leurs investissements, obligeant désormais les entreprises existantes des secteurs connexes à s’adapter.

    Les investisseurs commencent donc à intégrer des facteurs tels que le changement climatique, le développement durable, les droits de l’homme et le droit du travail dans leurs décisions d’investissement. Il se dégage même l’idée qui s’affirme de plus en plus que les entreprises soucieuses de l’environnement sont les mieux placées pour surperformer à long terme.

    C’est probablement là, pour l’humanité, la prochaine vague qui tentera de sauver la planète à partir du fort potentiel commercial des entreprises imprégnées de la philosophie ISR…

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