Économie Solidaire

Gains de productivité et croissance économique

La question qu’il est légitime de se poser est de savoir dans quelle mesure les gains de productivité sont déterminants dans une croissance économique. Pour cela, essayons d’abord d’élucider ces deux concepts.

La croissance économique

La croissance économique signifie l’augmentation de la production de biens et services dans une économie donnée, sur une période relativement longue, par exemple une année ou plus. Cette croissance est généralement mesurée par le Produit intérieur brut (PIB) qui sert d’indicateur des richesses et de l’activité économique d’un pays, et par conséquent du niveau de vie de la population.

La productivité, quant à elle, est le lien qu’il y a entre cette production de biens et services, et les ressources qui entrent dans le processus de production, ressources humaines ou autres. Elle se calcule sous la forme d’un rapport entre le résultat final (extrants) et les facteurs de production (intrants). La mesure la plus utilisée est la productivité du travail, qui indique le rapport entre la production (brute ou valeur ajoutée) et les unités liées au travail, telles que les heures de travail, le nombre d’emplois ou le coût de la main-d’œuvre. Le concept de productivité renseigne sur l’efficacité du processus de production et se rapproche du concept de rendement.

Le gain de productivité indique une augmentation de ce rendement entre deux dates données. Par exemple, arriver à produire plus avec les mêmes facteurs de départ, ou maintenir une production constante malgré une diminution de ces facteurs.


Photo par ILO in Asia and the Pacific (Creative Commons)

Les gains de productivité

D’une manière générale, les économistes s’entendent pour dire qu’il existe un lien fondamental entre la productivité et le niveau de vie. Mais peut-on affirmer que des gains de productivité entraînent automatiquement une croissance économique? La question n’est pas aussi simple qu’il y paraît, car le PIB par habitant (si on le retient comme indicateur du niveau de vie) n’est pas déterminé uniquement par la productivité ; il est aussi déterminé par le taux d’emploi et la population des personnes en âge de travailler.

Certes, on cite souvent dans la littérature le cas de ce qu’on appelle les « Trente glorieuses », et particulièrement les années 1950-1973 où la formidable croissance économique (en France, le PIB par habitant a été multiplié par 4) a accompagné la mise en œuvre de l’organisation du travail, qui s’est traduite par d’importants gains de productivité. Et plus généralement, on constate que sur de longues périodes, l’évolution du PIB par habitant est proche de celle de la productivité par employé. Ainsi, entre 1970 et 1998, le PIB par habitant a été multiplié par un facteur d’environ 10,5. Mais si on le compare à celui des États-Unis sur la même période, on remarque qu’il y a eu plutôt un affaiblissement de 38 points dû essentiellement à la part de l’emploi au sein de la population.


Photo par ILO in Asia and the Pacific (Creative Commons)

Gains de productivité et croissance économique

Maintenant, essayons de comprendre comment une augmentation de la productivité influe sur la croissance économique, et donc sur le niveau de vie. Parmi les facteurs qui contribuent à améliorer la productivité, citons d’abord la division du travail. En effet, la parcellisation des tâches aboutit à la simplification du travail, à la spécialisation des travailleurs, qui entraîne gains de temps et plus d’efficience.

Ensuite, l’investissement matériel et les progrès techniques permettent une exécution plus rapide et plus efficace ainsi qu’une innovation dans les procédés.

Enfin, la formation et le niveau d’éducation des travailleurs renforcent ce qu’on appelle le capital-savoir d’une entreprise, et induisent des gains de productivité considérables. Ces derniers ont généralement pour premier effet de stimuler la croissance, en jouant sur l’offre et la demande, ce qui entraîne une augmentation des exportations, par exemple. La hausse des profits ainsi réalisés et la baisse des coûts de production permettent, d’une part, une augmentation des salaires pour les salariés et des dividendes pour les actionnaires, et d’autre part de réinjecter plus d’argent dans l’investissement, augmentant ainsi la productivité, et créant de la sorte un cercle vertueux.

Du moins théoriquement, car comme on l’a signalé plus haut, il faudrait aussi tenir compte de l’élément humain. La division du travail, avec la spécialisation à outrance qu’elle induit ne met pas la productivité à l’abri d’une grève ou d’un sabotage. Sans parler de l’implication sur la croissance du chômage résultant des effets pervers de la productivité.

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