Économie Solidaire

Conséquences dramatiques de la « bombe méthane »

Il y a quelques années, des spécialistes de l’Arctique ont estimé qu’une nouvelle menace pour le réchauffement climatique viendrait de la fonte du pergélisol (permafrost) qui libèrerait des millions de tonnes d’un gaz 20 fois plus nocif que le dioxyde de carbone : le méthane. La quantité de ce gaz qui est piégée sous la mer de Sibérie orientale est tout simplement colossale et pourrait avoir des conséquences considérables, tant sur le climat que sur l’économie de la planète.

Photo : Méthane sortant des océans – CC NASA

Méthane et gaz carbonique

Durant des dizaines de milliers d’années, des milliards d’organismes vivants et de végétaux ont été emprisonnés dans le sol gelé, et il suffirait d’une petite élévation de température pour que ce fossile carbone se transforme, sous l’effet des microbes et bactéries, en méthane et gaz carbonique. Comme ces deux gaz ont un effet de serre important, le réchauffement de l’atmosphère ira crescendo, provoquant ainsi la libération de plus de gaz, entretenant ainsi le processus de réchauffement.

La seule différence entre ces deux gaz est que si le gaz carbonique n’agit que progressivement et dans la durée (plusieurs dizaines d’années), le méthane lui ne reste dans l’atmosphère que pendant 9 ans, en moyenne, mais avec une puissance de réchauffement 25 fois supérieure à celle du gaz carbonique. On compare souvent l’effet du méthane à un boxeur qui gagne toujours son match par KO, dès le premier round, contrairement au gaz carbonique qui gagne par points, à l’usure. On imagine donc la catastrophe que cela représenterait si une grande quantité de méthane était soudainement libérée dans l’atmosphère, d’où le qualificatif de bombe à retardement.

Controverse scientifique

Un article publié dans la revue Nature, en 2011, décrit un scénario dans lequel le réchauffement de l’Arctique se fait rapidement, libérant quelques 50 milliards de tonnes de méthane (soit 10 fois plus que la quantité actuelle dans l’atmosphère), avec un impressionnant effet de serre sur une dizaine d’années. Ceci engendrerait un réchauffement supplémentaire qui se traduirait par des dommages titanesques et des coûts d’adaptation avoisinant les 60 trillions de dollars (soit l’équivalent de l’économie mondiale en 2012).

Toutefois, d’autres scientifiques ont émis des doutes sur la possibilité de libération soudaine d’une aussi grande quantité de méthane en si peu de temps, arguant que la fonte du permafrost est un phénomène très complexe qui reste encore mal étudié. Ils se veulent donc moins alarmistes, d’autant qu’aucune augmentation importante des émissions de méthane dans l’Arctique n’a été observée jusqu’ici.

Pages complémentaires :

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