Économie Solidaire

Avantages et inconvénients du commerce équitable

Il est peut-être utile de rappeler d’abord que le commerce équitable est un système d’échange, basé sur l’idée que le commerce classique est injuste, particulièrement entre pays du Nord et pays du Sud, et que les consommateurs des pays du Nord devraient faire preuve de responsabilité, devenant par là même des « consomm’acteurs », en achetant à un prix équitable des produits provenant de petits producteurs du Sud.

Différentes organisations et fédérations existent au niveau mondial afin de coordonner et promouvoir ce commerce. C’est donc également un mouvement social qui, tout en accompagnant la mondialisation, tente de réduire l’écart de développement entre pays pauvres et pays riches, ce grâce à un nouveau type de partenariat commercial fondé sur un certain nombre de principes tels que la solidarité, la limitation d’intermédiaires, le juste prix, le label de qualité, la transparence, le respect mutuel, la crédibilité, la valorisation de l’environnement, etc. Cela se traduit essentiellement par un prix minimum garanti au producteur, ainsi qu’une prime de développement. Bien qu’au début ce commerce était presque limité à l’artisanat, il s’est ensuite élargi à d’autres produits, notamment alimentaires.


PROBioversity International

Comme on peut donc le constater, l’idée de départ est noble et depuis que le système est en place, on assiste effectivement à une amélioration des conditions de vie des producteurs (on cite généralement le chiffre de 1,5 million à travers le monde) qui en profitent pour bénéficier d’assistance technique, pour accéder au crédit, pour se doter de savoir-faire et pour se familiariser avec l’exportation. Par ailleurs, la suppression des intermédiaires traditionnels permet de faire en sorte que les surcoûts payés aux producteurs n’aient pas une grande influence sur le prix d’achat fourni par le consommateur. Ce dernier, enfin, en plus d’avoir cette possibilité de contact quotidien avec d’autres cultures, a toutes les raisons de se satisfaire de produits de qualité (on pense bien sûr aux produits biologiques, dans l’alimentaire), d’autant que la labellisation de produits et de filières par l’intermédiaire d’organismes indépendants (Max Havelaar, Trans Fair, etc.) contribue grandement à améliorer la qualité de ces produits et à les insérer dans les réseaux de grande distribution.

« Le café qui est issu du commerce équitable est l’aliment éthique plus populaires chez les consom’acteurs. « 

Néanmoins, force est de constater que bien que la notion de commerce équitable remonte aux années 60 du siècle dernier, et malgré une croissance notable ces dernières années (95% de Français connaissent le commerce équitable en 2009, 42% ont déclaré avoir acheté des produits « équitables » en 2005), ce système ne concerne aujourd’hui que 0,3% de la population mondiale qui vit au dessous du seuil de pauvreté, et ne représente qu’environ 0,01% des échanges mondiaux. Autant dire une goutte dans l’océan.

Par ailleurs, des critiques ont été formulées à l’endroit du commerce équitable, notamment le fait d’axer la production sur des cultures de production au détriment des cultures vivrières, dans le domaine alimentaire, ce qui rendrait les populations du Sud dépendantes des achats du Nord et de ses habitudes de consommation, alors qu’elles pourraient développer et diversifier des cultures locales. On reproche également à la filière de commerce équitable de ne pas assurer au producteur un niveau de rémunération comparable à celui du consommateur, de favoriser une forme de concurrence déloyale envers les produits « non équitables », de provoquer indirectement des dégâts sur l’environnement, d’induire des coûts de commercialisation élevés pour la promotion et la sensibilisation, de courir le risque d’être récupérée par la grande distribution, de ne pas couvrir tous les produits des labels nécessaires (le cas de l’artisanat, par exemple), etc.


Mark Van Wormer

C’est pourquoi de plus en plus de voix s’élèvent pour appeler à un commerce plus équitable qui préserverait la philosophie de départ d’une économie solidaire tout en déjouant les risques de basculer dans l’économie marchande régie par la logique de profit. Les organisations équitables devraient coopérer davantage entre elles, s’engager à respecter l’environnement, rechercher d’autres sources de croissance (il n’y a pas que les supermarchés) et établir leur crédibilité en faisant de la qualité du produit leur priorité, sans pour autant négliger l’adoption d’une bonne démarche de marketing. Le transfert et la recherche de débouchés locaux peuvent également constituer une perspective d’avenir pour le commerce équitable.

Aller plus loin et s’ouvrir l’esprit :

Différents labels équitables
Les principes de la mode équiable
Le tourisme équitable
Le coca équitable
Banques équitables en France
Le marketing équitable
Le commerce de grande distribution est-il équitable?
Production de café équitable vs conventionnel
La transparence des labels du commerce équitable
Exiger le café équitable
Le volontariat équitable
Emplois en demande dans le commerce équitable
Les arguments contre le commerce équitable

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